Blurry Paris
Ma baby roule comme une Harley sur le macadam
ses mèches de suie et son teint pâle
brisent la foule en souplesse
ses épaules dansent au dessus du troupeau
les pouffes se tassent sur son passage
On a pas mangé Thaï
trop de bolosses dans la street food
Ses pieds saignent
elle ne s’en plaint pas
ses lèvres boudent mais ses yeux rient
Allez viens c’est par là je connais Paris
Je te suis baby
pas moi
mais je crois que tu dis une connerie
rue Saint-Denis c’est par là
Putain
pas un Starbuck dans le coin pour pisser
fais chier
mais c’est bon Paris l’été
Et d’abord il est où ce concert
prends ma main suis-moi
merde ça a commencé
rien de grave on va entrer
Rue de Rivoli on se pousse du coude
le squat d’artistes vaut le coup d’oeil
Hier nuit deux chats de gouttière
se sont mis une peignée dans l’arrière-cour
et on a même pas baisé
trop crevés
Oui mais avant si
et au réveil aussi
Qu’importe
on s’enlace à Jaurès
bercés par le roulis
du métro aérien
On ne dit rien
on est bien
c’est beau Paris
par tous les temps
Nos ombres mêlées
se dandinent au cinéma des trottoirs
Les coursiers slaloment
comme des balles traçantes
entre les files de voitures à l’arrêt
Paris c’est bien
ta peau aussi
la poésie
l’air qu’on respire
la soif de stupre
et les fins de nuit
enroulés dans les draps
comme des nems
Ces petits riens du temps joli
L’odeur des frippes
chez Kiliwatch
la cigarette gare d’Austerlitz
et même ce train
qui n’en finit pas d’arriver
Ces petits riens du temps joli
c’est bien
Un texte de Bertrand Labarre
Photographie : Bertrand Labarre
Sur Bertrand Labarre :
http://bertrandlabarre.fr